Que peut-on retenir des premiers mois de l'année sur les marchés financiers ? E.S. : après une année 2023 exceptionnelle sur les places financières mondiales, 2024 a démarré sur la même tendance, affichant des niveaux particulièrement élevés. Les actions mondiales ont ainsi enregistré une progression de + 12 % depuis le début de l'année (en euros, du 1er janvier au 28 mai 2024), sous l'impulsion des actions américaines, japonaises et de celles de la zone euro(1).

Ces performances soutenues sont portées par la contribution majeure d'un nombre restreint de méga-caps technologiques, les 7 Magnifiques (qui compte Nvidia, Microsoft et Amazon dans leurs rangs). Cette concentration élevée du marché boursier est d'ailleurs rare d'un point de vue historique. Elle s'était déjà manifestée au cours des années 1968-1973 et 1999-2000.


Quels sont les autres facteurs de soutien de la tendance haussière des marchés d'actions depuis le début de l'année ? E.S. : les investisseurs en actions ont été récompensés pour leur prise de risque depuis le début de l'année, en dépit des tensions géopolitiques manifestes à travers le monde. L'abondance de liquidités au niveau mondial conjuguée aux tendances solides en matière de bénéfices permettent d'expliquer ces bons résultats.

La réaffirmation par les banques centrales de leur projection de baisse de leurs taux d'intérêt en 2024 a également donné de l'élan aux marchés, d'autant que cette trajectoire devrait s'accompagner de la poursuite de la désinflation.

À cela s'ajoute la résilience de la croissance économique mondiale. On constate ainsi une reprise encourageante de l'activité économique dans la zone euro, alors que les États-Unis, quant à eux, commencent à connaître un ralentissement de leur économie.


Le ralentissement de la croissance américaine peut-il avoir des effets négatifs sur les marchés d'actions ? E.S. : le ralentissement de la croissance économique outre-Atlantique avec une croissance du PIB estimée aux alentours de 1,3 % annualisé au 2e trimestre 2024(2) atteste en effet d'un réel ralentissement par rapport à 2023. Cependant, cela renforce la tendance baissière de l'inflation, ce qui est très important pour soutenir les marchés financiers et notamment les marchés d'actions.


Les obligations offrent aujourd'hui des rendements proches de leurs plus hauts niveaux en 15 ans. Cette tendance est-elle durable à moyen terme ? E.S. : les taux d'intérêt à court et long terme continuent en effet de se rapprocher de leurs plus hauts niveaux depuis 15 années. Toutefois, la faiblesse du marché de l'emploi et la nouvelle tendance baissière du niveau de l'inflation aux États-Unis pourraient déclencher une chute des taux d'intérêt au cours des 12 prochains mois.

À l'heure actuelle, les niveaux des rendements des obligations nous semblent des points d'entrée attractifs pour les investisseurs prudents cherchant à assurer des revenus stables au cours des prochaines années.


Le 6 juin dernier, la Banque centrale européenne a baissé ses taux d'intérêt. Dans quel contexte a-t-elle pris cette décision ? E.S. : la BCE l'avait annoncé et le 6 juin dernier elle a donc diminué de 0,25 % ses taux d'intérêt. Soulignons que cette décision, bien que prévue, est historique. C'est en effet la première fois dans l'histoire que la Banque centrale européenne baisse ses taux avant la Réserve fédérale américaine.

Fait important, elle a décidé de réduire ses taux alors que la croissance s'accélère dans la zone euro et que le chômage est à un niveau historiquement bas. En outre, elle a baissé ses taux tout en revoyant à la hausse ses prévisions d'inflation globale pour 2024 et 2025. Ses projections tablent désormais une inflation globale moyenne de 2,5 % en 2024 et 2,2 % en 2025.

Alors pourquoi a-t-elle pris cette décision ? Elle a estimé que la baisse des taux était nécessaire pour modérer le degré de restriction monétaire. Cependant, la BCE reste dépendante des données économiques et est probablement gênée par le fait que la Fed semble aujourd'hui à des mois de décider de baisser à son tour ses taux.


Autre évènement marquant de la fin du 1er semestre 2024, les résultats des élections européennes et la tenue des élections législatives anticipées en France. Quels seront leurs impacts sur les marchés financiers ? E.S. : la principale conséquence des récents évènements est d'accroître l'incertitude et la volatilité de certains actifs mais les évènements politiques n'ont généralement qu'une influence limitée à moyen terme sur les marchés.

Les perspectives mondiales de croissance économique et d'inflation au cours des prochaines années ne devraient guère être modifiées. Si nous anticipons une faiblesse de l'euro à court terme, les marchés d'actions devraient continuer de bénéficier des perspectives économiques mondiales positives pour 2025-2026 ainsi que des anticipations de baisse des taux d'intérêt et de la détente des rendements obligataires.

Achevé de rédiger le 20 juin 2024.


(1) Source : Refinitiv.
(2) Source : OCDE.


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